Une opérette à Ravensbrück
De Germaine Tillon (résistante et déportée), d’après « Le Verfügbar aux enfers » Edition de la Martinière, 2015. Adaptation et mise en scène par Claudine Van Beneden, par la Compagnie Nosferatu (Le-Puy-en-Velay)
Date
Vendredi 25 mars 2022
Horaire
20h30
Durée
1h30
« J’ai écrit une opérette, une chose comique, parce que je pense que le rire, même dans les situations les plus tragiques, est un élément revivifiant. On peut rire jusqu’à la dernière minute. » Germaine Tillon.
Le 21 octobre 1943, Germaine Tillion est déportée à Ravensbrück pour faits de résistance. Avec ses camarades et alors qu’il est interdit d’écrire, Germaine Tillion cachée, rédige « Une opérette à Ravensbrück » (le Verfügbar aux enfers). Une opérette – revue qui met en scène la conférence d’un naturaliste décrivant « l’espèce » particulière des déportées nommées « Verfügbar ». Ces déportées qui refusent de participer à l’effort de guerre nazi sont assignées aux travaux les plus pénibles du camp. Face à ce conférencier, dont elles sont l’objet d’étude, les prisonnières chantent, dansent pour résister et redonner vie à leur corps et à leur âme. « Une mise en scène résolument pétillante qui donne toute sa profondeur au sujet et où le rire est une résistance » ?
A propos de Germaine Tillon
Après des études à la Sorbonne, au collège de France, elle rejoint l’Algérie en 1934 pour une mission de recherche ethnographique. A son retour en Fance, elle noue des liens avec de multiples groupes de résistants et notamment avec celui constitué au musée de l’homme.
Le 21 octobre 1943, elle est déportée à Ravensbrück pour faits de résistance.
Forte de son expérience ethnographique, elle décrypte le système criminel concentrationnaire et ses soubassements économiques et en relève tous les éléments qui pourront informer le monde extérieur, si elle, ou l’une de ses camarades en survit. En octobre 1944, avec ses camarades et alors qu’il est interdit d’écrire, Germaine Tillion cachée, rédige « Une opérette à Ravensbrück » (le Verfügbar aux enfers).
Dans cette opérette, Germaine Tillion raconte avec un humour féroce les terribles conditions de détention des Verfügbar et accompagne sa pièce d’airs populaires du répertoire lyrique dont elle avait la mémoire.
Elle revient en France en juillet 1945 et réintègre le CNRS. Germaine Tillion a fait un travail considérable pendant les dix années qui ont suivi la guerre, sur la déportation et Ravensbrück (dont l’établissement des listes de milliers de femmes déportées) et assista aux procès des dirigeants de Ravensbrück, (à Hambourg puis à Rastatt) seule mandatée par toutes les camarades déportées. En 2015, elle est entrée au Panthéon.
La compagnie
Le désir de raconter, de créer, de chanter, de susciter des émotions et de partager est le moteur de la compagnie Nosferatu. Pour chaque projet, elle tente d’interroger la possibilité d’investir le champ social par l’art, l’expression et la créativité.
Son ambition est de développer un théâtre musical exigeant par le fond et la composition et de confronter sa forme qualifiée de « divertissante » à des sujets de société. Au sein de notre démarche, se dégage une volonté de travailler sur des textes contemporains, le plus souvent vivants, et son goût pour la musique provoque régulièrement une réflexion sur le théâtre musical. Ses choix se portent sur des textes abordant des sujets actuels (la solitude, l’immigration, la pauvreté ou la violence) et portant sur scène des gens d’aujourd’hui. Finalement, son objectif est de proposer un théâtre populaire, généreux et humain.
Mettre en scène Une Opérette à Ravenbrück est un défi difficile à relever.
En effet, traiter par l’humour la vie dans un camp de concentration et d’extermination semble être un exercice impossible, voire insultant.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Germaine Tillion n’a pas voulu produire elle-même son œuvre.
Le travail réalisé par Claudine Van Beneden évite cet écueil, en montrant que l’entreprise nazie de déshumanisation a échoué grâce à la volonté et à l’esprit d’un groupe de déportées. Le spectateur s’imprègne de l’idée que l’art est un des moyens pour approcher l’indicible de la Déportation.
Adapté et mis en scène par Claudine Van Beneden
Arrangements musicaux : Grégoire Béranger et Jean Adam
Interprètes : Solène Angeloni, Grégoire Béranger, Angeline Bouille, Isabelle Desmero, Raphaël Fernandez, Barbara Galtier, Claudine Van Beneden
Scénographie : Blandine Vieillot, Guéwen Maigner
Costumes : Marie Ampe, Sarah Dureuil
Conception des éclairages : Hervé Bontemps
Chorégraphie : Jérémy Pappalardo
Coiffure : Pascal Jehan
Coach vocal : Elizabeth Croz
Régie son : Manu Giroud
Régie lumières : Benjamin Duprat, Clémentine Gaud