Thuir : 4000 ans d’Histoire !
Le dimanche 18 septembre, la Ville de Thuir a reçu dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine...
Publié le: 25/10/2022

Conférence de l’INRAP, résultat des fouilles « préventives » effectuées sur Thuir depuis 2012.

Vue a̩rienne des thermes (C̩dric da Costa РINRAP)

Jarre en céramique grise roussillonnaise découverte dans un puits du  premier âge du Fer (Frederic Messager – INRAP)

Le dimanche 18 septembre, la Ville de Thuir a reçu dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine : Cédric Da Costa, Ingrid Dunyach et Cécile Dominguez, archéologues de l’INRAP ( Institut national de recherches archéologiques préventives) accompagnés de leur responsable régional Jean Baptiste Jamin. Ces derniers ont fait part, au cours de la conférence, du résultat des fouilles dites « préventives » (effectuées depuis 2012) prescrites par la DRAC Occitanie sur Thuir, que ce soit aux Espassoles ou aux Aybrines, dans le cadre de futurs travaux d’aménagements. Devant une cinquantaine de personnes, les archéologues ont fait état de leur méthode de travail, du devenir des recherches et des objets récupérés ainsi que de la qualité des découvertes.

Tout d’abord, les conférenciers ont répondu au fait que la commune n’ait pas été mise au courant des découvertes. La réponse en est toute simple, il s’agit là, d’ une demande expresse de la DRAC, donneuse d’ordre des fouilles. Cette démarche est  imposée systématiquement dés que les découvertes révèlent un contenu « sensible », tout cela, dans un but de protection des vestiges et afin de faire face aux pillages récurrents de ces chantiers. Ainsi la DRAC opte systématiquement pour une absence de communication au niveau des collectivités concernées, cela a été le cas pour les dernières fouilles des Aybrines.

Sur la façon de procéder, toutes les découvertes sont étudiées de façon complète, jusqu’à leur fondement, ce qui signifie qu’à la fin des fouilles, bien souvent, il ne reste plus rien, les sites ayant été détruits (sauf, bien sûr, dans le cas de vestiges très exceptionnels). Plusieurs zones sont prospectées, par exemple, de mai à août 2021 : 5 zones sur les Aybrines représentant une surface 2 hectares. Les objets trouvés ou « artefacts » sont recueillis par l’INRAP, à des fins d’études. Ils les conservent pour une durée de deux ans, puis ces derniers sont récupérés par la DRAC. Pour ce qui est des résultats des recherches sur Thuir : Au lieu-dit les Espassoles, au nord-est du centre du village, avant la construction de la nouvelle gendarmerie, des fouilles se sont déroulées, sur 8500 m2, de la mi-novembre 2015 à la fin de janvier dernier 2016. Des fouilles précédentes, effectuées en 2005, 2008 et enfin en 2014, avaient permis de découvrir un habitat protohistorique (période allant de l’âge du fer à l’âge du bronze) avec une aire d’ensilage occupée principalement durant les VIIIème et IXème voire du Xème siècle aux abords d’un cimetière à inhumation médiéval et diverses fosses datées du haut Moyen âge ainsi que du mobilier « protohistorique ». Ces découvertes avaient permis de mettre en avant la notion d’un vaste habitat déserté pouvant correspondre au Thuir d’Avall, coexistant avec le village de Thuir que nous connaissons aujourd’hui.

Les dernières recherches de 2015-16 laissent supposer un beau potentiel archéologique. De nombreux vestiges ont été mis à jour : silos, fosses, trous de poteaux servant à l’habitat, puits, de nombreux tessons et vases anciens allant de l’âge de bronze ancien au Moyen-âge et enfin 5 tombes laissant présager la proximité d’une église. Selon Mme Céline Dominguez, ce site des Espassoles, peut revêtir un intérêt scientifique majeur, notamment, avec la découverte de l’habitat manquant. Au niveau des Aybrines, de nombreux vestiges ont été mis au jour, datés de l’âge du Fer, témoignant d’habitations, avec des systèmes d’approvisionnement en eau, des silos, des meules, des foyers, ainsi que des trous de poteaux. Des activités artisanales ont également été détectées par les archéologues, au travers : d’outils en pierre (galets, molette, percuteur) mettant en avant, aussi, des activités de tissage ou métallurgiques. De nombreux objets en céramique ont été découverts issus de productions locales (vaisselle, vases, jarres) ou importées (mortier, amphores étrusques et ibériques datant du VI°-V° siècles avant J.-C). La présence de céramiques à figures noires et de deux monnaies grecques mettent en avant « un réseau d’échange entre la méditerranée et Thuir » et donc d’une activité économique et commerciale importante.
Autre découverte intéressante les vestiges d’une vaste villa avec ses thermes, particulièrement bien conservés, ainsi que des bâtiments agricoles, tout cela sur une étendue d’environ 1,5 ha. L’activité de ce domaine se situerait du Ier siècle après J.C jusqu’à environ la fin du IV° siècle.
De vastes cuves de stockages pour le grain et pour le vin ont été découvertes, ainsi que les restes d’un pressoir, des fours à chaux, atelier de potier…

Les archéologues présents ont insisté sur la richesse archéologique de la commune qui devrait encore nous apprendre beaucoup de choses sur son passé. La conférence s’est terminée par diverses questions du public auxquelles les conférenciers présents ont pu répondre.

La municipalité, par la voix de Mme Adroguer, a remercié les intervenants et le public pour leur présence et a tenu à rappeler qu’il était nécessaire que dans le cadre de nouvelles fouilles, il serait bénéfique qu’une forme de partenariat avec l’INRAP, dans les limites du possible bien sûr, soit mise en place. Les archéologues ainsi que le responsable régional ont d’ailleurs répondu favorablement à cette proposition.